Bonjour à tous, bienvenue dans une nouvelle vidéo !
Comme vous pouvez le constater, aujourd'hui, non seulement je ne suis pas seule, mais en plus je ne suis pas dans mon décor habituel. J'ai le plaisir d'être accompagnée par la plus belge des profs de français.
Elisabeth, bonjour ! Peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m'appelle Elisabeth et, comme Nelly, j'ai une chaîne sur YouTube où je donne des cours de français. Ma chaîne s'appelle 'Hello French'.
Ils te connaissent déjà!
J'ai commencé ma chaîne il y a plus ou moins trois ans. Effectivement, je suis belge, mais je vis en France, en région parisienne, depuis 2016.
Juste à côté de chez moi, on est voisines. Donc tu es belge, c'est la première fois que nous allons parler des différences entre la Belgique et la France, surtout au niveau du lexique, parce que il y a des mots qui sont complètement différents. Peux-tu nous dire quelques mots sur la Belgique, d'où tu viens et quelles sont les langues qui sont parlées en Belgique ?
La Belgique, c'est un tout petit pays juste au-dessus de la France, avec trois langues officielles : le français, le néerlandais (ou le flamand), et l'allemand. Donc, malgré le fait qu'on soit voisins avec la France, il y a énormément de spécificités dans le français de Belgique. Il y a plein de mots ou de constructions de phrases qui sont différentes du français officiel, du français de France. Moi, je viens de la partie francophone de Wallonie, d'une ville qui s'appelle Namur.
On le mettra sur la carte juste ici.
J'ai grandi à Namur, et ensuite, j'ai vécu à Bruxelles pendant environ 7 ans.
D'ailleurs, on m'a posé la question sous une vidéo parce que j'ai dit 'Bruxelles', donc je demande à la grande spécialiste : est-ce qu'on dit 'Brusselles' ou 'Bruxelles'
On dit 'Brusselles'.
Mais tous les Français disent 'Bruxelles'!
Bah, c'est vrai qu'en fait, souvent, c'est comme ça qu'on repère si des gens sont français ou belges. Si quelqu'un dit 'Bruxelles', on sait tout de suite que c'est pas un vrai belge.
C'est vrai, j'ai toujours dit 'Bruxelles'. Je l'ai dit dans une ancienne vidéo, donc pardon à tous les Belges.
Mais heureusement, maintenant, il y a la chanson d'Angèle : 'Bruxelles, je t'aime'. Maintenant, tout le monde est au courant qu'on dit bien 'Bruxelles'.
Très belle chanson que je vous recommande d'écouter.
Donc, on va commencer. Par exemple, nous en France, quand on est dans une file d'attente, on dit qu'on fait la queue. Comment tu vas dire ça, toi, en Belgique?
En Belgique, on va toujours dire 'faire la file,' 'faire la file' ou 'être dans la file' si vous êtes en train d'attendre. 'Je fais la file', 'je suis dans la file.' Alors que nous, on dira plutôt 'je fais la queue', 'je suis dans la queue.
Si on parle maintenant de nourriture, pour nous, le repas du midi, c'est le déjeuner. Et pour toi en Belgique?
En Belgique, c'est le dîner. Ça, c'est vraiment bizarre pour nous, puisque le dîner, c'est le soir. Et pour toi, le dîner, alors c'est quoi? C'est le souper, le souper. Donc le moment où on mange de la soupe. Oui, on peut manger quelque chose, mais je pense que ça doit venir de là, sûrement.
Mais en France, par contre, vous dites donc les repas, vous dites aussi 'déjeuner' parfois pour le matin, et pas toujours 'petit-déjeuner'. C'est vrai, nous, très souvent, on va dire 'déjeuner', 'dîner', 'souper', parce que 'déjeuner', par définition, c'est finir le jeûne, donc le jeûne, c'est la période où on ne mange pas, donc on déjeune le matin. Mais il faudrait dire 'le petit-déjeuner', 'le déjeuner', et 'le dîner'. Donc en Belgique, c'est le déjeuner, le dîner, et le souper.
"Justement, je suis sur mon téléphone portable. Toi tu ne dis pas 'un téléphone portable' en Belgique, c'est un GSM."
GSM ? Donc en Belgique, le GSM et en France, "le portable" ou "téléphone portable". Voilà, un mot qui m'intéresse beaucoup, que j'ai entendu plusieurs fois. Nous, quand on quitte quelqu'un, mais qu'on va le revoir bientôt, on dit 'à tout à l'heure', ou même 'à toute'.
Et toi, qu'est-ce que tu dis? En Belgique on dit 'à tantôt', c'est beaucoup plus court. C'est vrai que c'est très caractéristique du belge, 'à tantôt', tout le temps, plusieurs fois par jour, tous les jours.
C'est vrai que nous, en France, on utilise souvent le verbe 'pouvoir' pour demander 'est-ce que tu peux faire quelque chose', 'est-ce que tu peux éteindre la lampe', 'est-ce que tu peux fermer la porte'. Et je sais qu'en Belgique, ce n'est pas la même chose, et ça peut créer des situations vraiment compliquées, des quiproquos.
Oui, en Belgique, on utilise plus le verbe 'savoir' dans la vie de tous les jours à la place de 'pouvoir'.
En France, un jour au bureau, quand j'ai commencé à travailler en France, j'ai demandé à une collègue : 'est-ce que tu sais allumer l'ordinateur?' Et en fait, elle s'est un peu énervée contre moi parce qu'elle m'a dit : 'Évidemment, je sais allumer un ordinateur. Je ne suis pas complètement stupide.' Et moi, je n'ai pas compris, et en fait, elle pensait que je remettais en doute ses compétences, que je pensais qu'elle n'était pas capable d'allumer un ordinateur. Alors que pour moi, ça voulait simplement dire : 'est-ce que tu peux allumer l'ordinateur ? Fais-le.'
C'est vrai que c'était, c'était un quiproquo. C'était un peu, c'était un peu amusant.
J'ai dû lui expliquer que j'étais sûr qu'elle avait la compétence d'allumer un ordinateur.
C'est le genre de situation qui peut arriver quand on ne maîtrise pas le vocabulaire d'une région. C'était un bel exemple d'une belge à Paris, dans le monde du travail.
Tu as dû vivre pas mal de situations comme ça, non ?
Bah, quelques-unes. C'est vrai que parfois, mes collègues ne me comprenaient pas. Ils disaient juste 'oui', et après, ils ne faisaient pas du tout... Enfin, c'était pas cohérent. La suite n'était pas cohérente.
Et même encore aujourd'hui, il y a des mots qui s'utilisent pas tous les jours, ou en fait, j'ai pas connaissance que c'est pas les mêmes mots en France et en Belgique, ou des expressions. Même avec mon mari, j'utilisais récemment où il me dit : 'Mais quoi, qu'est-ce que tu dis ?' Et je dis : 'Ben, c'est évident.' Et en fait, non, c'est pas évident. En fait, c'est un belgicisme, et j'en ai pas conscience.
Parlons maintenant de cheveux. Quelqu'un qui a les cheveux bouclés, qu'est-ce que tu dirais, dehors ? Mais en Belgique, très souvent, on dit des cheveux 'crollés'. Je n'ai jamais entendu ça. On peut dire 'bouclés', mais souvent, on utilise 'crollés', 'des crolles'.
Et comment tu dis, Élisabeth, en Belgique, 'le maire du village'?
En Belgique, ce mot, il existe pas du tout. On dit 'un bourgmestre', 'un bourgmestre'.
Je crois qu'en fait, c'est le maître du bourg. En fait, j'ai pas l'étymologie exacte, mais je peux imaginer que ça vient de là. Mais on dit pas non plus 'une mairie', on va dire soit 'la commune', 'la maison communale'. Ah, ouais, ouais, on dit pas 'une mairie', ok."
En France, si je sors de mon bain, de ma douche, je vais prendre une serviette de bain pour éponger l'eau.
Toi, qu'est-ce que tu vas prendre en Belgique?
On prend un essuie.
Et si je veux essuyer la vaisselle, je prends un torchon. Et nous, on prend un essuie.
Et si on doit préciser en fonction du contexte, on dira 'essuie de vaisselle', d'accord? Donc, pour vous, c'est 'essuie-tout', ce qui est essuie, alors que nous, il y a des mots, d'accord, on voit plus simple. Et pour faire le ménage, on va prendre une serpillière pour laver le sol, et nous, là, ça va être un torchon."
Donc ça peut poser problème parce que les mots existent, les mots sont utilisés, mais ne veulent pas dire la même chose. Des contextes proches donc, je pense qu'on pourrait se comprendre. Le mot n'est pas le même pour désigner l'objet.
Alors, je prends un stylo dans ma trousse - car ceci en français est une trousse, on range des stylos - et en Belgique, on va appeler ça un plumier.
Je pense à nouveau que ça vient de l'époque où on écrivait avec des stylos plumes et de l'encre, exactement, mais chez nous, c'est resté, on va appeler ça un plumier."
Pour fermer ton plumier (c'est une très bonne transition) pour nous, ça s'appelle une fermeture éclair.
En Belgique, c'est une tirette, ne tirette, parce qu'on tire. Et nous, une fermeture, parce que ça ferme, et 'éclair', je sais pas, parce que c'est le bruit que c'est rapide.
Tu connais peut-être le mot 'colocation', faire une colocation, ça veut dire vivre avec plusieurs étudiants dans le même appartement, par exemple.
Et je crois que le mot est complètement différent en Belgique, beaucoup plus court. En Belgique, on appelle ça un 'kot', un kot.
Est-ce que tu sais pourquoi on appelle ça un kot? Non, mais peut-être que ça vient du flamand. Mais effectivement, c'est beaucoup plus rapide de dire 'un kot' que dire 'colocation'. Donc le mot est masculin, alors qu'en français c'est féminin. Et comment tu dis 'colocataire', donc, parce qu'une colocation, c'est un kot, mais quelqu'un qui vit avec toi dans l'appartement? Pour un garçon, on dit 'cokoteur', et pour une fille, on dit 'une cokoteuse'. C'est trop mignon.
J'avais jamais réfléchi, mais c'est hyper mignon. Ouais. Alors que nous, c'est un peu froid, c'est un colocataire, mon colocataire, ou alors, on peut le tronquer, dire 'mon coloc'. Donc, par exemple, si je veux chercher une colocation en Belgique, je vais écrire une petite annonce en disant : 'Je suis étudiante, et je cherche une kot. "Je cherche un kot." Mais si tu mets 'colocation', tout le monde va te comprendre.
En fait, en Belgique, on a les chaînes de télévision française, en tout cas, on a TF1, France 2, France 3, et énormément de programmes qui sont, par exemple, sur M6, qui vont être diffusés sur d'autres chaînes en Belgique. D'accord. Donc, en fait, nous, on est assez familier de tous ces mots français. Vous nous comprenez très bien. Voilà, on comprend très bien.
Alors que, oui, l'inverse n'est pas forcément vrai.
Donc, en Belgique, on peut quand même utiliser les mots du français de France, même si on a nos propres mots. C'est vrai que nous, on est beaucoup moins exposés au français de Belgique, à part par la chanson. Il y a beaucoup de chanteurs, je pense notamment, à Angèle, Stromae, mais tout ce vocabulaire, moi, je l'apprends en même temps que vous parce que je l'ai jamais entendu. C'est pas du tout grave d'utiliser les mots français, mais c'est vrai que ça fait plaisir dès qu'on entend des petits mots belges, ça fait toujours plaisir."
Et ce qu'on peut parler du sujet qui nous préoccupe tous, les chiffres.
Je savais que tu allais parler de ça. J'allais justement dire les chiffres, ça fait vraiment plaisir. Parce que vous savez que le système de chiffre devient très compliqué en français à partir de 60, 70, 80, 90. Il faut faire des maths, des multiplications, des additions.
Or, nos amis les Belges ont trouvé un système beaucoup plus simple et logique, je dois l'avouer.
Par exemple, Elisabeth, comment tu dis 60?" "60, c'est 60. 60, c'est 60. Jusque là, tout va bien.
Comment tu dis 70? septante.
Ce qui paraît vraiment logique qu'on passe de 60 à 70, alors que nous, on fait 60 + 10, 70.
Comment tu dis 80?" "quatre-vingt, ça reste comme en France. OK.
Et 90?" "90, là encore, je comprends tout à fait la logique. Alors que nous, c'est 90, donc 4 fois 20 + 10.
Pour moi, c'est très, très compliqué, même si ça fait des années que je vis en France. Les chiffres, c'est vraiment le truc où j'y arrive pas. Surtout, il y a quelque chose ou, pour moi, ça, c'est le pire : quand j'étais dans mon ancien travail et que je décrochais le téléphone pour quelqu'un d'autre, et que je devais noter un numéro de téléphone, en fait, je ne savais jamais si les gens disaient, par exemple, 60 et puis 12, ou s'ils disaient 72, et donc j'arrivais jamais. J'étais super stressée à chaque fois, je faisais presque une crise d'angoisse dès que je devais noter un chiffre.
Et comme tu disais, en fait, moi, si on me dit, je ne sais pas, 80 95, je dois calculer dans ma tête, mais c'est hyper difficile. Et pareil quand je dois donner mon âge, je suis né en 1991, pour moi, c'est super compliqué, et chaque fois je me dis les gens doivent me trouver bizarre, il pense que j'hésite sur mon année de naissance, mais c'est juste que je dois calculer.
C'est intéressant, donc, en France, on dirait 1991, et toi, comment tu dis en Belgique, 1991?
Vous voyez, rassurez-vous, parce que même Elisabeth, qui est professeure de français, a des difficultés avec notre système de chiffres, donc c'est plutôt rassurant quand même. Moi, je suis née en 1997, donc 1997."
Voilà, nous avons terminé cette vidéo sur les belgicismes. J'espère que vous aurez apprécié autant que moi découvrir cette partie de la Francophonie que j'adore. Je ne suis jamais allée en Belgique, mais c'est dans ma liste vraiment parce que ça a l'air d'être un pays tellement chaleureux, tellement accueillant."
Merci beaucoup, Elisabeth. Avec plaisir. Je vous recommande d'aller sur la chaîne d'Elisabeth, Hello French, puisqu'on va sortir une nouvelle vidéo la semaine prochaine ensemble sur les expressions typiquement belges. Je vais essayer de deviner la signification, mais je pense que ça va être hyper compliqué.
On se retrouve bientôt dans une prochaine vidéo, prenez bien soin de vous.
Salut, au revoir!
Oui, ça aussi, j'ai oublié ça, 'ça te goutte'. Je le disais tout le temps quand j'arrivais, et ouais, les gens ils me comprenaient pas. 'Ça te goutte', c'est, est-ce que ça, ça a bon goût pour toi? Est-ce que ça plaît? Mais que pour la nourriture.
Hello I'm Nelly !