Aujourd'hui, on va faire un voyage dans le temps. On va partir au XVIIIe siècle, à la cour de Versailles. Mais pour ça, j'ai besoin d'avoir une invitée spéciale, j'ai nommé la spécialiste de Versailles, la grande, l'unique duchesse Laurane.
"Rends-moi ma perruque! Mais je veux l'essayer. Rends-moi ma perruque, rendez-moi ma perruque Laurane, rendez-moi ma perruque. Vous me cherchez des noises, vous savez quoi ? Je vais vous manger le blanc des yeux si ça continue."
Bonjour à tous, bienvenue dans une nouvelle vidéo. Aujourd'hui, on va faire un voyage dans le temps. On va partir au XVIIIe siècle, à la cour de Versailles. Mais pour ça, j'ai besoin d'avoir une invitée spéciale, j'ai nommé la spécialiste de Versailles, la grande, l'unique duchesse Laurane.
-Bonjour Nelly, comment vas-tu ?
-Ça va très bien, et toi ?
-Très bien, merci. Je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui pour parler du français du XVIIIe siècle, et plus spécifiquement du français qui est parlé à la cour de Versailles, donc le château de Versailles.
-Je suis guide et conférencière spécialisée du château de Versailles. J'ai également écrit un livre -qui est très drôle- c'est le guide de survie à la cour de Versailles.
-Je confirme, il est absolument hilarant. Lauranne a beaucoup d'humour.
-Vous vous en rendrez compte dans le livre et dans la vidéo qu'on va faire ensemble.
-Alors, Laurane, pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer en quoi le français du 18e siècle était différent du français qu'on parle aujourd'hui ?
-Déjà, le français parlé à la cour de Versailles était très théâtralisé. On amplifiait les mots, on exagérait tout. On parlait un peu avec les mains, comme ça, pour se faire voir et pour se faire entendre, en d'autres termes, pour exister à la cour. À Paris, on pouvait parler beaucoup plus vite, comme à Paris actuellement, et on pouvait utiliser des expressions beaucoup plus familières, beaucoup plus grossières. Donc, par exemple, à Versailles, on disait "Bonjour, duchesse Nelly", et à Paris, j'aurais dit "Salut, la grognasse".
-C'est pas très sympa, je préfère la duchesse quand même. Donc, il y avait une grande différence entre le français de Versailles et le français de Paris.
-Absolument. Et à Versailles, il y avait une règle très importante à savoir : on ne s'adressait pas à la reine en premier, c'est-à-dire que si vous souhaitez lui parler, il faut attendre qu'elle engage la conversation, et là seulement vous pouvez lui parler. Sinon, vous restez humblement sur le côté.
-Et c'est la même chose pour le roi?
-Oui.
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- à Versailles, est-ce qu'on utilisait le "vous" uniquement ou le "tu" aussi ?
-À Versailles, on se vouvoyait, ce qui est très romantique. Même aujourd'hui, je préfère qu'on me vouvoie, c'est quand même beaucoup plus élégant. Sauf avec les domestiques. Là, les domestiques, vous pouvez les tutoyer. Mais ça dépendait du niveau de proximité, c'est-à-dire à quel point vous étiez proche du domestique. Si le domestique était votre premier valet, quelqu'un d'important, vous le vouvoyez. Par contre, si c'est un domestique qui nettoyait le sol ou le linge, là, vous pouvez le tutoyer. Mais oui, vous vouvoyez tout le temps.
-Je te propose... je vous propose qu'on se vouvoie pour cette vidéo, OK ?
-Vouvoyons-nous.
-Ça va être difficile, parce que j'ai pas l'habitude de vouvoyer les gens.
-Alors, Duchesse Laurane, premièrement, j'ai envie de vous demander : est-ce qu'il y a des choses qu'on ne pouvait pas dire à Versailles ? Des choses interdites, des mots interdits ?
-On ne blasphémait pas. Donc, vous savez, par exemple, "Nom de Dieu, mon éventail est tombé." Non, ça, c'est interdit. On a remplacé le mot Dieu par bleu, parce qu'on était astucieux, et du coup, on pouvait dire "Morbleu", "Vertubleu". C'était une manière de dire "flûte", "Nom de Dieu", sans prononcer le nom de Dieu. Voilà, c'est une petite astuce.
-Est-ce qu'on pouvait dire "merde" ?
Il fallait éviter, alors "merde", "merde", ça, c'était pas blasphème. Donc, ça vous envoyait pas à la Bastille, mais par contre, c'était mal vu d'être vulgaire. Ça montrait qu'on appartenait au peuple et pas aux grands de ce monde. C'est une question d'image.
-Alors, comment on peut remplacer "merde" ? Qu'est-ce qu'aurait dit Marie-Antoinette ?
-Alors, au lieu de dire "merde", on peut dire "vertuchou", ce qui du coup est quand même moins spontané, soyons honnêtes. "Ouh là là, vertuchou, mon éventail est tombé." Voilà, c'est moins fluide, c'est moins spontané, mais c'est plus élégant. À Versailles, on utilise beaucoup de métaphores plutôt que d'utiliser juste un mot. Donc, par exemple, on utilise le mot "tombeur de la nappe" pour dire un "pique- assiette".
-Un "tombeur de la nappe". Alors, nous aujourd'hui, c'est vrai qu'on utilise plutôt "un pique-assiette", qui désigne quelqu'un qui pique dans les assiettes des autres, c'est-à-dire qui mange souvent gratuitement sans être invité, qui profite un petit peu des opportunités pour pouvoir manger gratuitement. Donc, à Versailles, on dit pas "un pique-assiette", mais "un tombeur de la nappe"
- Quelqu'un qui fait tomber la nappe symboliquement pour récupérer la nourriture.
- Et est-ce qu'il y avait beaucoup de "tombeurs de la nappe" à Versailles ?
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-Énormément, en fait. La vie à Versailles coûtait très cher, notamment pour avoir de beaux habits, de belles perruques. Et donc, si on pouvait grappiller un peu de nourriture gratuitement, on le faisait. Donc, il y avait beaucoup, beaucoup de tombeurs de la nappe.
-J'aurais sûrement été "une tombeuse de la nappe". Laurane, moi, je me pose une question. Est-ce que les femmes étaient aussi belles qu'on le prétend à Versailles ? Parce que c'est vrai qu'on a tous cette image de la duchesse, Marie-Antoinette, des femmes magnifiques, bien habillées. Est-ce que c'est vrai ou pas ?
-Tu as raison sur un point, elles étaient très apprêtées, avec des perruques et beaucoup de maquillage. Donc, savoir si derrière tout ça, elles étaient vraiment très belles, je ne sais pas. En tout cas, du coup, elles étaient très élégantes, parce que très bien habillées, avec beaucoup de parfums, de beaux bijoux, etc. Dans la vraie vie, je pense que le matin au réveil, elles étaient comme toi et moi, c'est-à-dire pas forcément terrible. Je parle pour moi. Tu sais quoi ? Je parle pour moi. Au matin, je suis pas forcément terrible. Après un peu de maquillage, une belle coiffure, après, ça passe.
-Alors, comment on appelle une fille, une femme, qui n'est pas très jolie à la cour de Versailles ?
-On appelait ça un "bijou manqué", ce qui n'est pas très gentil. Donc, toi, tu es un bijou réussi, vous êtes un bijou réussi.
-Merci beaucoup.
-Rends-moi la perruque, rendez-moi ma perruque, vous me cherchez des noises, vous savez quoi ? Je vais vous manger le blanc des yeux si ça continue.
-Elle va me manger le blanc des yeux, vous avez entendu ça ?
-C'était une manière de dire qu'on était en train de se disputer et que j'allais la gronder
-Se "manger le blanc des yeux". Je ne sais pas si vous avez l'image de ce que ça veut dire. Nous, on dirait plus communément "se disputer". Se chercher des noises, je l'entends aussi, oui.
-Et là, par exemple, comme vous avez gardé la perruque, vous êtes égoïste. Et donc, quelqu'un qui était égoïste à la cour de Versailles, on disait que c'était un accapareur de merde d'abeilles. Accapareur comme s'accaparer, prendre des "merdes", les excréments des abeilles, les petits insectes.
-Absolument dégoûtant. Mais en quoi vouloir garder quelque chose qui est absolument dégoûtant.... ?
- On voulait juste vous offenser, vous blesser.
-ça c'est une perruque Louis XIV?
-Ça, c'est une perruque qui ressemble à Louis XIV sur les côtés. Voilà, Marie-Antoinette, c'était plus vers le haut. Et donc, parfois, elle pouvait avoir des perruques qui mesuraient jusqu'à 80 cm. 80 cm ! Et donc, quand elle montait dans son carrosse, elle ne pouvait pas, comme ça, se tenir recroquevillée, en boule. Donc, elle sortait la tête, et il y avait les cheveux qui dépassaient.
-Quelle vie de contrainte !
-On n'en voudrait pas, non, franchement, non.
-En plus, elle perd ses cheveux...
-Mais par contre, je te demande de parler prudemment quand tu insultes les perruques, c'est-à-dire, je te conseille de marcher sur des œufs. Marcher sur des œufs ? Ça vient du 18e siècle, ça veut dire marcher prudemment, parce que si on marche prudemment, on ne casse pas les œufs. Vous voyez la métaphore ? Donc, faites attention quand tu parles de la perruque, marche sur des œufs pour ne vexer personne.
- On utilise encore un peu cette expression aujourd'hui, "marcher sur des œufs", faire très attention.
-Est-ce que, duchesse Laurane, vous avez beaucoup d'amis à Versailles ? Il y avait de belles amitiés à l'époque?
-Il y avait beaucoup d'intrigues et beaucoup d'espions donc il fallait se méfier. Néanmoins, on peut dire qu'il y a des amis très, très proches avec qui je suis comme les deux doigts de la main, c'est-à-dire, très proche, comme les deux doigts de la main. On peut aussi dire que je suis amie comme cochon.
-On a gardé cette expression aujourd'hui, "copains comme cochon", voilà, absolument, "cochon", l'animal. Je me suis toujours demandé pourquoi "le cochon". D'où venait cette expression ?
-Je n'ai pas d'explication, mais si quelqu'un a une explication, je l'invite à la proposer en commentaire. On vous attend. Je suis sûr qu'il y a quelqu'un qui sait.
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-Et on va terminer par une expression très mignonne. Marie-Antoinette, quand elle parlait, notamment à son enfant, au lieu de dire "mon chéri", elle l'appelait "mon petit chou", comme un petit chou à la crème. Mon petit chou.
-Merci, Duchesse Laurane, pour cette petite leçon du français du XVIIIe siècle à la cour de Versailles. Parce que la langue, elle a beaucoup évoluée, et ça me plaît beaucoup d'explorer cette partie aussi du passé.
-Merci à toi. J'en profite du coup pour parler de mon livre, que tu as lu.
- Que j'adore!
-J'ai écrit un "guide de survie à la cour de Versailles", dans lequel j'explique comment être aussi belle que Marie-Antoinette, comment organiser des fêtes comme Louis XIV, comment récupérer son ancien petit copain grâce aux astuces des maîtresses de Louis XIV, et voilà. C'est un livre qui est à la fois moderne, drôle, et humoristique, mais qui vous permet d'apprendre le français et l'histoire de France.
-D'ailleurs, tu proposes une version en anglais ?
Absolument, il y a une version en ebook en anglais, et une autre en français et en anglais, moitié-moitié, avec des pages de vocabulaire, ce qui vous permet d'apprendre le français en lisant aussi un texte en anglais, plus simple.
-Et comme on est très généreuses aujourd'hui à la cour de Versailles, on vous offre un petit code de réduction "NELLY10" .
Si ça vous plaît, si vous avez envie de le lire, je vous le recommande, il est génial, et c'est une bonne opportunité d'apprendre le français aussi en contexte, avec des éléments historiques et culturels.
- Absolument. On vous remettra tout ça dans la barre d'infos, mais comme ça, ça permet de remercier Nelly, la duchesse Nelly, de vous avoir parlé de ce livre. En espérant qu'il vous plaise.
-On vous dit à bientôt dans une prochaine vidéo, je l'espère!
Hello I'm Nelly !